Wheels and Feels [Mia]

Je ne devrais pas être ici, songea-t-il, debout au milieu des nombreux passants. Il se sentait comme le coupable qui revenait sur la scène de crime afin de voir ce qui avait de nouveau. Ce qui n’était pas faux.

Il s’était passé tellement de choses folles ces dernières semaines qu’Ebenholz ne pouvait s’empêcher de penser : Comment suis-je encore en vie ? Pourquoi ne suis-je toujours pas en prison ? D’abord, il y a eu Snow qui lui avait éclaté les côtes – côtes qui avaient enfin guéri – sans jamais terminer le travail. Le cerf s’était attendu à ce que la police ou les militaires débarquent chez lui, mais non. Personne n’avait cogné à sa porte à part la voisine qui avait besoin de crème. Le lapin n’avait-il pas prévenu ses supérieurs ? Peut-être voulait-il s’occuper du criminel personnellement …

Puis, les festivités d’hiver et tout le bordel qui avait suivi les jours après. Il y avait eu des morts, du sang, du drame, des kidnappings. Non loin d’où se tenait Eben, il y avait eu des Faunus enfermés dans des cages bien trop confortables pour des sous-êtres comme eux. Et pourtant, les personnes présentes aujourd’hui au quartier commercial de Vale souriaient, riaient, dépensaient, continuaient de vivre comme si rien n’était. Les humains étaient étonnement résilients … Et les animaux aussi malheureusement.

Même si la paix et le calme étaient revenus, notre tueur en série préféré ne se sentait guère serein. Il avait vécu des années dans cette ville sans craindre les autorités, mais maintenant, il redoutait un peu plus chaque jour de se faire démasquer. Il posa une main sur le pommeau de son dao. Depuis quelques temps déjà, il portait toujours ses armes sur lui, même en civil. Question de sécurité. Enfin, était-il vraiment un civil ? N’était-il pas plutôt un ex-soldat techniquement Huntsman ? Dans tous les cas, il avait un permis de port d’armes, donc personne ne devrait venir l’arrêter pour ça … Même si cela attirait les regards dans la rue.

Finalement, le brunet fit demi-tour. Je devrais peut-être déménager, considéra-t-il. Princess le laisserait-il habiter dans l’une de ses cages de verre ? Ce serait plus confortable que ce qu’il avait présentement … Et il mangerait mieux. Sûrement. Pas grave si les repas étaient servis dans une gamelle. Perdu dans ses pensées, Ebenholz remarqua un peu tard la jeune femme en chaise roulante devant lui qui prenait tout le trottoir. Cela ne dérangea nullement cet homme poli qui se contenta de la saluer d’un signe de la tête avant de la contourner en marchant dans la rue. Ce n’était pas comme s’il y avait beaucoup de voitures qui roulaient présentement, alors bon …

Il fit quelques pas supplémentaires avant de s’arrêter devant une vitrine qui attira son regard. Il y avait un service à thé rose avec un thème félin : des oreilles de chat décoraient les couvercles et les anses étaient en forme de queue. Était-ce quelque chose que Princess apprécierait ? C’était rose comme ses cheveux et les femmes aiment les trucs mignons, non ? Quoique, le thé, c’était plutôt le domaine de Verhert; il était un majordome après tout. Le vieil homme allait-il moins le détester s’il lui achetait ça ? Eben esquissa un sourire amusé en imaginant Verhert utiliser cette vaisselle clairement féminine, mais il le perdit vite en se rappelant de la triste réalité.

De l’extérieur, il ressemblait à un humain normal avec ses cheveux bruns, son bandeau "décoratif", ses vêtements quelconques … Mais il était un Faunus et Princess le savait. Pourquoi accepterait-elle le cadeau d’un dégoûtant animal tel que lui ? Au mieux, elle verrait peut-être cela comme une offrande, mais … Mitternacht soupira. Tant pis.

Trop occupé à déprimer sur son sort tout en regardant les chats en porcelaine, il ne remarqua pas le petit groupe hétéroclite de racailles qui passa derrière lui. Ceux-ci, toutefois, avaient repéré une proie facile : une fille en chaise roulante qui "prenait un peu trop de place". Une excuse pourrie qui servait seulement de prétexte pour aller l’embêter. La bande composée de jeunes hommes tous plus désagréables les uns que les autres s’approcha donc de la demoiselle …

« Te gêne pas, hein ! » l’apostropha le Faunus du groupe. « Vas-y, prends toute la place ! »
« Tu te crois plus importante que nous avec ta grosse chaise, uh ? » enchaîna l’un de ses compagnons, mains dans les poches et la tête exagérément penchée sur le côté.