La journée avait été longue, les cours d’un ennui presque mortel et le repas du midi insipide. Ce dernier détail échappa complètement à Aethrus pour qui la cuisine de la cantine de l’académie était toujours une source de surprises et de délices. Son village ne faisait pas tant étalage de diversités culinaires, même pendant les repas de fêtes, pourtant nombreux. Le repas du matin était souvent du pain, avec du beurre et du miel, le repas du midi de la viande séché ou froide, et le soir, un mélange de légume chaud. A Heaven, Aethrus se régalait de macédoine, et de yaourts, de poisson aussi, un ingrédient qu’il avait découvert en arrivant car personne ne pêchait chez lui, on lui préférait la chasse.
Le repas du soir n’était plus très loin alors que la team AZUR avait fini une séance d’entrainement en équipe, seul moment intéressant de la journée. Ils s’étaient battus, renforcés musculairement et avait fait une longue course. Couverts de sueurs, ils avaient rejoint leur quartier pour prendre une douche bien méritée. Les couloirs étaient encore peu peuplés car nombreux étaient ceux qui profitaient encore des beaux jours ou de leur temps libre pour étudier.
L’eau froide avait coulé sur le corps musclé d’Aethrus, tendant ses muscles et chassant la transpiration accumulée sur sa peau. Après s’être séché, la serviette sur l’épaule, il avait quitté les douches communes de l’étage, ne croisant personne dans le couloir, le bruit de ses pieds nus sur le sol marquant son déplacement jusqu’à sa chambre.
Il y pénétra nu, détendu par sa douche, et emprunt d’une bonne fatigue, la fatigue de l’effort, celle qu’on devrait toujours ressentir à la fin d’une bonne journée. Unaëlle était là et il lui fit un sourire en se dirigeant vers l’armoire pour y prendre des affaires propres à mettre avant d’aller manger et d’étudier un peu.
Unaëlle Stoneglass Sujet: Re: De la pudeur Aethrus ! - Avec Unaëlle Sam 6 Fév - 10:29
Unaëlle était allongée sur son lit et elle regardait le plafond. Non pas qu’il y ait quoi que ce soit d’intéressant à voir au plafond, mais simplement … la rose demeurait plongée dans ses pensées, les idées à l’intérieur de son crâne qui se répercutaient comme un écho sans fin contre des parois intangibles. Ce soir, c’était le Bal. Leur Bal. Le Bal de leur deuxième année, et elle avait tout prévu. Sa robe, ses chaussures, sa coiffure -pour peu que l’organisme vivant qui lui servait de chevelure accepte de se laisser domestiquer-, tout. Sauf un Cavalier. Elle avait beau en avoir parlé avec Zircon et Rogus toute la semaine, la personne qui l’intéressait n’avait pas daigné un instant faire attention à elle, au point de l’inviter. Levant une main au dessus de son visage, la rose contempla l’espace vide entre ses doigts. Pourquoi avait-il fallu qu’elle ait un faible pour le seul qui ne lui accordait pas ce genre de regards ? Unaëlle savait qu’elle était plutôt jolie, plutôt gentille, et que les garçons des années inférieures auraient aimé l’accompagner ce soir. Mais il n’y avait dans son esprit qu’un seul maître ; c’était Aethrus. Et ça avait toujours été Aethrus, depuis le début, depuis la clarté de ce jour d’automne où elle avait eu le sept de carreau. La jeune femme avait eu du mal à l’admettre, bien sûr, et il avait fallu que Rogus lui tire les vers du nez à moult reprises pour que, finalement, elle admette combien le bucheron comptait pour elle. La réciproque, hélas, semblait bien trop loin d’être vraie. Aethrus la regardait comme une petite sœur, une bonne copine avec qui partager des instants complices. Rien de plus. Laissant retomber sa main, Unaëlle soupira avant de s’asseoir sur le lit.
A cet instant, la porte du dortoir s’ouvrit, laissant apparaître la brune silhouette d’Aethrus, justement. Celui-ci lui adressa un sourire franc avant de … la rose resta bouche bée. Son co-équipier, encore ruisselant de sa douche, était complètement nu. Le trouble s’éleva dans son esprit, mâchoire prête à se décrocher tandis que tous les mots dans son esprit semblaient soudain s’être fait la malle. Qu’est-ce-que quoi ? Est-ce-que … pourquoi ? Tant de sentences inachevées qui ne parvenaient pas à ses lèvres. Et ses yeux émeraudes se contentèrent de suivre la carrure d’Aethrus, les muscles nus dans son dos, la courbe de ses reins et … « Aethrus ? » Un son était enfin sorti, articulation imprécise et troublée. La rose sentit tout son visage bruler, l’afflux de sang dans ses pommettes et ces à-coups dans sa poitrine. « Pourquoi t’es tout nu ? » Voilà. C’était lamentable, pitoyable, une syntaxe même pas correcte, mais c’était tout ce qu’Unaëlle avait pu tirer du marasme émoustillé des questions sous sa boite crânienne. Qu’est-ce qu’Aethrus fabriquait nu.
Aethrus Caeruleus Sujet: Re: De la pudeur Aethrus ! - Avec Unaëlle Dim 21 Fév - 12:04
Unaëlle l'avait appelé avec interrogation. Elle avait certainement une question importante à poser, sur un devoir peut-être, ou bien sur un entrainement. Le bûcheron fera son possible pour lui venir en aide.
Il ne s'attendait pourtant pas à cette question. Mais il ne se départit pas de son sourire.
Bah... Parce que je sors de la douche. Je ne me lave pas avec mes vêtements se serait bizarre non ?
Il pencha la tête et leva un sourcil.
Il y a un problème ? Ça ne va pas ? T'as l'air bizarre ? Tu veux aller à l'infirmerie ? Attend, j'enfile quelque chose et on y va. Tiens bon.
Aethrus sortit un T-shirt et un pantalon pas trop sale et enfila un caleçon. Dans son esprit, il n'avait pas du tout penser que ce soir était le bal de l'école, ni que sa nudité pouvait poser problème. C'était assez rare qu'il se balade ainsi nu. Il s'habillait dans la salle de bain, mais il lui arrivait tout de même d'oublier ses affaires et donc de se déplacer sans vêtement. Jusqu'à présent, personne n'avait eu l'occasion de le voir faire cela.
Ce serait dommage de tomber malade la veille des vacances, tu ne penses pas ? Dit-il avec un grand sourire.
Unaëlle Stoneglass Sujet: Re: De la pudeur Aethrus ! - Avec Unaëlle Mer 3 Mar - 9:08
La réponse de son co-équipier la laissa simplement sans voix. Logique implacable. On ne se douche pas avec des vêtements, donc on ne sort pas de la douche avec des vêtements. Est-ce-que cela voulait dire que … il avait traversé le couloir central des dortoirs en simple tenue d’Adam ? Unaëlle pria tous les dieux que son visage ne soit pas trop rouge, mais elle ne savait que trop bien ce que signifiait le picotement dans ses joues. Comme si c’était un secret, de toute façon, qu’elle avait un faible pour lui. Comme si l’univers tout entier ne voyait pas combien elle était attirée. Enfin, l’univers … à part lui, apparemment. Son inquiétude, à la volée, paraissait totalement sincère. La rose referma la bouche. Elle avait fini par s’habituer, au fond, aux manies étranges d’Aethrus, à ses jurons à base de poutre, à sa Semblance trop exaltante. Mais de là à le voir se promener nu dans le dortoir … heureusement que Rogus n’était pas là. Il se serait moqué d’elle, d’une force ! « Mais Aethrus … » reprit-elle. « C’est pas ça le problème, c’est … tu peux pas te promener tout nu quand tu risques de croiser des gens. Les gens ne veulent pas te voir tout nu, c’est … » Elle chercha le mot adapté. Impudique ? Bizarre ? Exhibitionniste ? Choquant ? … sexy ? « … malpoli ! »
Le charme se rompit quelque peu quand le bucheron finit par enfiler un caleçon, retirant de la vue de la rose son … enfin, tout ça. Elle clignota un peu des paupières, comme un sémaphore fatigué. Interdite, elle se contenta de fixer son chef d’équipe prendre des vêtements. De ces vêtements classiques, pantalon épais et chemise en lin. Qui convenaient au quotidien, mais qui n’iraient pas dans un bal. « La veille des vacances, hum ? » Ses joues cessaient peu à peu de picoter, et Unaëlle eut un sourire narquois à l’attention du grand brun. « Aethrus … tu sais ce qui se passe, le soir de la veille des vacances, n’est-ce pas ? »
Aethrus Caeruleus Sujet: Re: De la pudeur Aethrus ! - Avec Unaëlle Sam 17 Avr - 10:26
Les récriminations d’Unaëlle était tout à fait valable et entendable pour une personne normalement éduquée. Sauf qu’Aethrus n’était pas éduqué comme une personne normale. La pudeur n’avait jamais été un problème pour lui. Tout le monde était fait de la même manière, avec des différences entre les hommes et les femmes, mais finalement, rien de criminelle ou de réprouvable. Certes, tout le monde n’était pas égal sur tous les points, mais on ne se moquait de quelqu’un parce qu’il était petit et celui-ci ne mettait pas d’échasse pour dissimuler sa taille. C’était actuellement le genre de réflexion d’Aethrus, bien que ses années à l’académie soient en train de le remettre en question.
Parce qu’en réalité, on se moquait des gens petits. Gentiment dans le cas de Rogus, mais c’était parce qu’il se mettait dans tous ses états. Et puis il avait vu des chaussures avec des semelles tellement hautes que le bûcheron se demandait comment on pouvait les mettre, puis marcher avec et surtout, comment ne pas avoir le vertige. Et il y avait plein d’autres éléments qui les gens de la ville semblaient apprécier et déprécier sans raison logique.
Tout en s’habillant, il repensa à tout ce qu’on lui reprochait. C’était vraiment étrange. La vie en ville était tellement différente de celle au village. On l’avait traité de paysan à un moment, et il avait rectifié en disant qu’il était bûcheron, ce qui avait fait rire tout le monde. Il n’avait pas compris pourquoi et avait souri gentiment.
Malpoli ? Mais… pourquoi ? Il n’y avait personne. Et puis… Je n’insulte personne. On a tous un corps non ? s’alarma le jeune homme.
S’il y avait quelque chose à laquelle il tenait fermement, c’était la politesse. Il faisait toujours son possible pour rester courtois, aimable et bienveillant. Gentil en quelque sorte. Savoir qu’une habitude de chez lui pouvait être malpoli le mettait vraiment mal à l’aise. Penser que les gens de son village puissent se comporter comme des cuistres l’emplissait d’appréhension. Comment le vivront-ils en l’apprenant ? Certainement mal. Mais d’un autre côté, il n’y avait rien de mal à être nu. Les enfants naissaient nus et il était plus simple de se baigner sans vêtement.
Tu vas me dire que c’est encore un truc de la ville et qu’on ne se montre pas tout nu parce qu’il y a un truc spécial. Comme pour les feux au milieu du parc ? Je tiens à préciser que je n’ai jamais vu personne mettre le feu dans un maison parce qu’il était tout nu. Il marqua une courte pause pensive. Je suis sûr que Rogus y arriverait. Mais ça ne compte pas.
Il finit de s’habiller, prêt à s’enquérir de l’était de santé de sa co-équipière. Parer à toute éventualité, comme un malaise, un vomissement ou un affaiblissement, il resta un instant interdit en entendant la question de la Rose.
Ce qui se passe le soir de la veille de vacances ? Il réfléchit.
Ce ne pouvait être un examen, pas aussi tardivement et Unaëlle ne serait pas aussi calme. Un concours de quelque chose ? Cela sonna quelques cloches. Mais pas un concours. Un truc avec du monde oui, mais pas avec des affrontements. S’il devait y avoir du combat, il s’en souviendrait. Alors quoi.
Il regarda par la fenêtre et aperçut quelques étudiants en tenu de soirée. C’était amusant de voir que certains aimaient bien s’habiller en soirée. Aethrus ne comprenait pas grand-chose à la mode. Il préférait des vêtements fonctionnels à beaux. Il ne faisait pas parti des paons.
Oh… Fit-il.
Il se retint de montrer du doigt les gens à l’extérieur parce qu’il venait de se souvenir la raison de leur beaux atouts.
Oh ! C’est le bal ce soir en fait. C’est ça ? Donc, il faut sortir le costume ?
Il se retourna et tira de l’armoire une housse noire.
Tu as un cavalier ?
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