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Heart made of glass, my mind of stone. ♦ RP solo flashback


Unaëlle Stoneglass
MessageSujet: Heart made of glass, my mind of stone. ♦ RP solo flashback Heart made of glass, my mind of stone. ♦ RP solo flashback EmptyMer 2 Déc - 23:41
Criminelle
Unaëlle Stoneglass
Criminelle
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Photo d'identité : Heart made of glass, my mind of stone. ♦ RP solo flashback Dugv
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Semblance: Pesanteur
Heart made of glass, my mind of stone.
RP flashback solo

Il est extrêmement difficile de savoir à l’avance, lorsque vous vous levez le matin, quel jour marquera pour vous un tournant dans votre vie. Après coup, vous pouvez simplement vous retourner et vous dire « Ah, oui. Je crois que c’est ce jour-là que tout a basculé. » Mais avant … avant, vous ne pouvez que vous éveiller un matin, un matin tranquille, comme les autres, sans savoir que votre journée sera exceptionnelle. Peut-être, même, ne le sera-t-elle pas. Rien d’exceptionnel. Juste une journée, comme les autres en apparence, mais qui fera dévier irrémédiablement le cours de votre futile existence.

Ce matin-là, Unaëlle avait eu une idée.
Une petite idée, sans importance, sans signification. Une idée de vengeance qu’elle balaya à son réveil, d’un simple battement de cils. Comme si elle n’avait jamais existé. Mais le mal était fait. L’idée était là. Elle germait, quelque part, à l’arrière de son crâne. Attendant patiemment d’être arrosée.
Ce matin-là, donc, Unaëlle se leva avec maladresse et fit face à son miroir. Elle avait l’air froissé, tiré, de ceux qui ont fait une petite nuit. Ses souvenirs de la veille étaient flous, tous ses souvenirs étaient flous d’ailleurs. Pourquoi diable s’était-elle couchée toute habillée ? Un ample chemisier noir, désormais bien froissé lui aussi, couvrait toujours les minces bras de la jeune femme. L’esprit encore embrumé par la nuit agitée, la rose ne trouva pas tout de suite. Elle flotta un instant dans cet entre-deux où n’existait que l’instant présent et la lourde attraction de ses paupières l’une sur l’autre.
Et puis la réalité la heurta comme un camion de trente-six tonnes.
Maman était morte.

Maman était morte et, la veille, on l’avait enterrée. Unaëlle avait observé ce visage tant chéri, ces mains si douces, cette infirmière qui croyait encore à la bonté du monde, avant qu’on ne referme sur elle un couvercle de bois et qu’on ne la mette six pieds sous terre.
La douleur de ce souvenir fit hoqueter la Chasseresse. Trop récent. Trop de chagrin. Trop. Trop.
La famille Stoneglass était si flamboyante autrefois. Un microcosmique royaume, dont Papa était roi, Maman reine et Una la rose princesse, tâchant de demeurer gracieuse devant les triplés, ses 3 sujets. Unaëlle s’en souvenait, c’était si proche. Et pourtant … pourtant, Papa et Téodore étaient partis depuis si longtemps déjà.
12 ans. Et l’incompréhension. Les deux garçons de la famille, partis chercher des takoyakis pour tout le monde, n’étaient jamais revenus. On avait parlé de mauvais endroit, de mauvais moment. On avait expliqué à Maman, Unaëlle, Mia et Adel que les bandits Faunus qui avaient commis ce crime avaient été arrêtés. La rose avait vu leur photo dans les journaux, à l’époque : avec leurs oreilles de loup, leur air vengeur et leurs pupilles verticales, ils étaient terrifiants. La préadolescente en avait fait des cauchemars des nuits durant, persuadée que le groupuscule dissident allait quitter sa prison pour venir achever le travail et tout lui prendre : Maman, Mia, Adel. Persuadée qu’il ne resterait qu’elle.
Quelques mois après l’affligeante tragédie qui avait détruit son royaume, la décision d’Unaëlle était prise : elle étudierait, elle apprendrait à combattre, et personne ne saurait plus faire de mal à ses proches. Jamais.
C’était ce qu’elle avait fait. Elle avait étudié à l’Académie Haven. Elle était devenue Chasseresse. Elle s’était endurcie, acceptant des missions solitaires de plus en plus dangereuses.
Et puis, le jour où l’on avait eu besoin d’elle, elle n’avait pas su répondre à l’appel.
A cause de son absence, Maman était morte.

La maison des Stoneglass, autrefois refuge pour tous les maux et les cris, n’était aujourd’hui qu’un tas de ruines dévasté. Unaëlle avait eu confiance, elle s’était laissé endormir par un relatif sentiment de sécurité, elle avait accepté des missions de Chasseresse toujours plus éloignées de son village natal. Et elle en avait lourdement payé le prix.
Lors de l’attaque de la maison, apparemment dévastée par une horde de Grimms, les triplés étaient présents. Si Adel avait eu la force de se cacher à la cave, évitant les flammes et les douleurs, Mia n’avait pas eu cette chance. La jeune femme avait été grièvement blessée et reposait désormais avec un partie d'âme en moins dans un profond coma à la clinique la plus proche. Celle où travaillait Maman.
« C’est de ta faute, Una. T’aurais dû être là ! » avait hurlé Adel en voyant revenir son aînée.
Il avait raison. Bien sûr. La haine au fond des yeux de son cadet n’avait d’égale que celle qu’Unaëlle se portait à elle-même. La Chasseresse aurait dû être là. Elle aurait dû protéger sa mère, et les deux triplés qui lui restaient. Elle aurait dû les inciter à déménager dans le centre d’Aldébaran, dans une demeure moins isolée où ils auraient moins de chance de se faire attaquer par les Grimm.
Mais non. Elle avait été orgueilleuse. Stupide. Elle avait pensé que tout le monde était en sécurité, tandis qu’elle-même pourfendait du monstre à l’autre bout de Mistral.
La rose avait été orgueilleuse et aujourd’hui, des Stoneglass, de sa puérile principauté, il ne restait qu’un garçon refusant de lui parler et une fille dans le coma.

Unaëlle ausculta dans la glace son visage éreinté. Elle était jolie jadis. Enfant. Adolescente. Dans les yeux d’Aethrus, de Zircon, de Rogus. Elle se sentait belle. Et maintenant … Maintenant, après bientôt trois ans durant lesquels elle avait erré seule, sans jamais s’attacher de peur que les histoires de cœur d’Haven ne se répètent, la jeune femme réalisa qu’il n’y avait guère d’autres paires d’yeux pour la trouver jolie.
La Chasseresse se dévisagea pendant plusieurs minutes avant de se rendre compte qu’elle pleurait. Des larmes silencieuses qui noyaient son regard vert et dévalaient l’arrondi de ses joues. Sans bruit.
Les sanglots étaient restés coincés dans sa gorge.
Levant la main pour essuyer les épaisses larmes qui alourdissaient son visage fin, Unaëlle sursauta en entendant retentir dans sa chambre d’hôtel la sonnerie de son Scroll.

« Oui ? » croassa-t-elle en décrochant, après s’être douloureusement raclé la gorge.
« Mademoiselle Stoneglass ? » fit une voix à l’autre bout du fil.
« C’est moi. »
« Je suis le chargé de justice d’Aldébaran, monsieur Allézina. »
Ce nom évoqua vaguement quelque chose à Unaëlle. Un membre du conseil de la ville, visiblement. Elle devait l’avoir déjà croisé. A entendre sa voix, monsieur Allézina n’était pas tout jeune : il y avait fort à parier qu’il ait déjà été chargé de justice d’Aldébaran lorsque la rose était enfant.
Sentant que son interlocutrice n’allait pas répondre, l’homme reprit :
« C’est à propos de l’attaque qu’il y a eu sur votre maison … »
Un fol espoir anima Unaëlle, le temps d’un battement de cœur. Et si tout cela n’avait été qu’un songe ? Maman, Mia … peut-être avaient-elles réussi à s’enfuir ?
« Oui ? » relança-t-elle son correpsondant.
« Lorsque nous nous sommes rendus sur les lieux, Mademoiselle Stoneglass, nous avons constaté qu’il ne s’agissait pas d’une attaque de Grimms. »
La jeune femme fronça les sourcils. Comment ça, pas une attaque de Grimms ? Est-ce-que cet imbécile suggérait que la demeure des Stoneglass avait pu s’auto-détruire en entrant en combustion spontanée ?
« Qu’est-ce-que vous voulez dire, monsieur ? »
« Je suis désolé, Mademoiselle Stoneglass. L’attaque sur votre domicile a été perpétrée par un gang de Faunus, souhaitant asseoir son pouvoir dans la région. »
Des. Faunus.
Unaëlle cessa immédiatement d’écouter, laissant le conseiller de la ville déblatérer seul à l’autre bout du combiné. Réponses automatiques. La rose était passée dans un état second. Un état introspectif dont rien ni personne n’aurait pu la détourner. Elle reposa son Scroll au bout d’un moment, sans vraiment savoir depuis combien de temps la ligne était coupée.
Des Faunus. Des Faunus. Des Faunus.
Unaëlle y avait cru. Elle avait cru que sa mère, sa sœur n’avaient simplement pas eu de chance. Que les Grimm passaient par là et avaient jeté leur dévolu sur cette pauvre maison de pierre avec son jardin embaumant la lavande. Non. Des Faunus. La destruction avait été causée par des êtres disposant d’une volonté propre, d’un libre arbitre. Qui avaient choisi d’exercer ces capacités en détruisant sa vie. Ses proches. Tout ce à quoi elle tenait.
Une fois de plus.

Immédiatement, la colère transperça toute l’âme d’Unaëlle.
A quoi bon être Chasseresse, à quoi bon savoir se battre si cela ne permettait pas de se battre contre le véritable ennemi ? A quoi bon tuer, fendre, occire des Grimms alors que les Faunus rôdaient, prêts à assassiner n’importe quel paisible citoyen de Mistral ?
« AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH ! »
Le hurlement d’Unaëlle déchira le silence de la pièce autant qu’il vrilla ses poumons. Ses cheveux roses, qu’elle avait appris à dompter avec le temps, partirent dans toutes les directions à la fois. Le deuil de la jeune femme n’était plus une tristesse aveugle. Une douleur infâme dans la poitrine, qui cognait contre ses côtes. Non. Désormais, c’était une quête de justice. Une réparation. Vengeance.

N’importe quel autre jour, Unaëlle aurait simplement passé sa colère sur des Grimms. Du temps de sa scolarité, elle serait allée en discuter avec Rogus, avec Aethrus, avec Zircon, et son équipe l’aurait soutenu. Mais elle était partie. Elle passait son temps à partir. Elle était seule. Tellement, tellement seule. N’importe quel autre jour, Una se serait recouchée, aurait pleuré, aurait hurlé, aurait trouvé une oreille dans laquelle glisser ses tourments.
Mais pas ce jour-là. Trop triste. Trop faible. Trop en colère. Trop puissante. Trop seule, aussi, surtout.
Il n’en fallait pas plus pour que l’idée germât.


Même luttant de toutes ses forces, Unaëlle avait besoin de réponses. Elle avait besoin d’un coupable. Son idée n’avait rien de violent, rien d’inhumain. Juste mettre la main sur un de ces animaux, ces Faunus, et comprendre. Comprendre pourquoi ils lui avaient tout arraché, pourquoi en définitive ils étaient incapables de s’élever au-dessus de leurs pulsions de violence pour devenir plus que de simples bêtes.
Appelez ça obstination, appelez ça monstruosité, appelez ça inhumain. Una, elle, appellera simplement ça désespoir.
La jeune Faunus, qui devait avoir quelques années de moins que la rose, était tombée dans son piège sans la moindre suspicion. Il fallait dire que la Chasseresse était devenue particulièrement douée en capture : ses pièges gravitationnels étaient quasiment indécelables et, une fois le pied mis dedans, on était pris d’une pesanteur terrible qui empêchait de bouger.
La jolie louve avait commencé à paniquer, jusqu’à perdre connaissance. Elle se tenait désormais allongée sur le carrelage froid, enfermée dans la salle de bain d’hôtel d’une Unaëlle qui attendait sobrement que sa captive se réveille.
En proie à une terrible conflit interne, la rose faisait les cent pas dans la chambre. Qu’est-ce qu’elle était en train de faire ? Est-ce qu’elle ne risquait pas de se mettre la jeune Faunus à dos ? Oui, mais … aveuglée par sa douleur et sa colère, elle n’avait pas pensé à simplement lui proposer d’aller boire un café. Cela paraissait trop … trop humain, pour un animal de ce type.
Et en même temps … Rogus, Zircon, ne lui avaient-ils pas montré qu’on pouvait surpasser cette nature veule et s’avérer excellent co-équipier ? N’était-elle pas en train de commettre une terrible erreur en prenant les Faunus dans leur ensemble au lieu de simplement punir ceux qui étaient responsables de sa tragédie personnelle ?
Ses divagations furent interrompues par du bruit dans la salle de bain : sa captive se réveillait.

Pénétrant subrepticement dans la pièce carrelée, Unaëlle annonça d’une douce voix neutre :
« Ne t’inquiète pas, je ne vais pas te faire de mal. »
La louve, longs cheveux de jais coulant sur ses épaules, semblait ne pas croire un mot de ce que lui proférait la nouvelle venue. Au lieu de s’asseoir sagement et de répondre aux questions d’Unaëlle, elle préféra hurler à la mort. Un cri inhumain, désarticulé. Un aouuuuuuuh comme seuls les loups peuvent en produire.
D’un bond, la Chasseresse fut sur elle, plaquant une main ferme contre la bouche de la Faunus.
« Chut ! Je veux simplement discuter ! »
Effrayée que quelqu’un découvre ce qu’elle était en train de faire, sans doute elle-même effrayée par ce qu’elle était en train de faire, Unaëlle planta son regard vert déterminé dans celui de la louve.
« Je vais enlever ma main, d’accord ? Arrête de crier. Je ne vais pas te faire de mal. »
Les yeux jaunes en face d’elle ne manifestaient pas du tout la coopération. Bien au contraire. Bientôt, la jeune captive ouvrit la bouche et planta ses dents … ou, plutôt, ses crocs, dans la main d’Unaëlle.
« PUTAIN ! » fit cette dernière, retirant vivement son membre blessé.
La louve recommença à hurler, essayant vainement d’être entendue par quelqu’un.
« Mais arrête ! ARRÊTE ! » s’époumona Unaëlle.
Avait-elle eu tort de laisser libre cours à son idée ? Elle cherchait désespérément une preuve que les Faunus n’étaient pas tous qu’animalité, qu’il y avait en eux quelque chose d’autre … et pour l’instant, elle ne se trouvait pas face à un être doté de conscience. Elle était simplement face à une louve.
Désemparée, ne sachant que faire pour que l’animal se taise, elle finit par lui asséner un coup de pied dans la mâchoire.

Horreur. La rose se dévisagea dans le miroir. Venait-elle réellement de frapper un être vivant ? Pour le faire taire ? Qu’était-elle en train de devenir ? Qu’est-ce-que …
« C’est quoi ton problème, à toi ? »
La louve parlait enfin. Sa voix, rauque, grave, avait quelque chose de profondément … quelque chose qui n’était pas humain. Presque un aboiement. Unaëlle s’en voulait follement de l’avoir frappée. Elle s’agenouilla à proximité de sa prisonnière.
« Je suis désolée ! Je ne voulais pas te faire mal. Je voulais juste que tu te taises, je … »
Les larmes jaillirent sans qu’elle s’en rende compte. Elle repensa à Rogus. Elle n’aurait jamais frappé Rogus. Jamais sérieusement. Jamais pour lui faire mal. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de décocher ainsi un coup de pied dans la mâchoire de la louve ?
« Je … je veux juste comprendre. » sanglota-t-elle, impuissante contre sa propre cruauté.
« Comprendre quoi ? » aboya de nouveau son interlocutrice.
« Je veux comprendre qui vous êtes. Vous, les Faunus. Je veux comprendre pourquoi vous avez tué mes parents, mon frère, mis ma sœur dans le coma, et pourquoi tout cela n’avait rien de personnel. Je veux comprendre pourquoi, alors que vous prétendez ne pas être des animaux, vous vous comportez comme tels ! »
La fin de sa phrase se noya dans les sanglots. Unaëlle baissa les yeux, honteuse, confuse, horrifiée par la scène insupportable dont elle était elle-même l’actrice. En face d’elle retentit un étrange son, mélange entre le toussotement et le bruit d’une crécelle. La Faunus riait.
Unaëlle releva les paupières. Sa prisonnière semblait, effectivement, au comble de l’hilarité. Elle eut du mal à se calmer pour lui rétorquer :
« Bouhouhou, pauvre toi. Pauvre petite fille aux cheveux roses. »
Indignée, la Chasseresse ouvrit la bouche pour répliquer, mais la louve était plus rapide.
« Tu crois quoi, princesse ? La vie c’est de la merde. C’est de la merde pour tout le monde. Tout le monde perd des proches, tout le monde galère. Remnant, c’est pas safe. Encore moins pour moi que pour toi. »

Piquée au vif, la rose se releva, suivie de peu par l’autre jeune femme dont les yeux jaunes n’exprimaient plus qu’une seule chose : la haine.
« Et tu sais pourquoi ? Parce qu’il y a des petites merdes comme toi qui, parce qu’on ressemble un peu à des animaux, s’amusent à nous traiter comme des animaux. Un jour, et je te jure que ce jour va arriver, les Faunus vont se lever, s’unir. La balance sera renversée, et tu verras alors. Tu verras ce que ça fait d’être une victime. »
« Je … » tenta de répondre Unaëlle, désormais dos à la porte face à une Faunus dont l’expression devenait de plus en plus menaçante.
« Quoi ? Tu vas faire quoi ? Tu vas faire quoi de pire, que me mépriser et m’enfermer dans ta salle de bain ? Hein ? »
Et, sans laisser le temps à la Chasseresse de faire quoi que ce soit, la louve plaqua violemment sa geôlière contre la porte. A son tour, Unaëlle se vit empêcher de parler, par une main douce mais ferme dont les ongles s’avéraient bien plus pointus que ce qu’elle n’aurait cru.
La rose sentit les larmes qui coulaient encore sur ses joues. Elle sentit les doigts sûrs de la louve sur sa bouche pour l’empêcher de hurler. Elle sentit le poids de l’autre, collée à elle, l’empêchant de faire le moindre mouvement. La Faunus était légèrement plus petite qu’elle, si bien qu’elle regardait Unaëlle par en bas, yeux fous, lèvre supérieure retroussée sur des crocs qui avaient déjà démontré leur efficacité.
« Je sais pas qui t’es, je sais pas d’où tu sors. Et je m’en fous. Mais si tu penses comme ça qu’il y a « les Faunus » et « les Humains », t’es déjà la pire des raclures. Et tu mérites pas le titre d’être humain. »

Toi non plus.
Les trois mots avaient sonné dans l’esprit d’Unaëlle.
Elle contempla le visage de la jeune femme, en face d’elle, grognant et montrant les dents. La clarté se fit dans son esprit. Au milieu du tourment de ses pensées, au milieu de son deuil, de sa colère, de sa peine, de sa solitude, naquit une certitude. La personne qui se tenait en face d’elle n’avait rien, absolument rien, d’humain. Il ne s’agissait que d’un animal. Un animal, rien de plus. Incapable de raison. Incapable d’empathie. Incapable de quoi que ce soit, excepté détruire.
Pas si elle la détruisait en premier.
Tout se déroula très vite. D’un geste vif, Unaëlle asséna un coup de genou à son adversaire. Une fois leurs deux corps séparés, ses réflexes de Chesseresse reprirent le dessus. La louve voulut contre-attaquer, mais il était trop tard. Unaëlle avait augmenté sa pesanteur jusqu’à la forcer à s’allonger au sol. Clouée par terre.
Debout au-dessus de sa prisonnière, la rose eut un sourire froid.
« Toi non plus. » répéta-t-elle, à voix haute cette fois.
Et, d’un nouveau coup de pied, elle renvoya sa captive à l’état d’inconscience. Comme un automate, Unaëlle ligota pieds et poings de la louve, la bâillonna et sortit de la salle de bain en refermant derrière elle. Tentant vainement de maîtriser sa tachycardie, la rose d’adossa au battant de la porte.
Regard vide. Elle fixa le sol sans le voir vraiment.
Les pensées inarticulées ne parvenaient pas à se frayer un chemin parmi le labyrinthe noir et sombre de ses angoisses. Impossible de penser, de penser clairement. Il n’y avait rien. Rien d’autre que la colère. Une colère sourde. Une colère aveugle.
Une minuscule voix au fond d’elle s’accrochait à la lumière, voulait hurler de ne pas faire de généralités, de ne pas sombrer, qu’il fallait croire dans la bonté du monde. Au même titre que la louve dans sa salle de bain, Unaëlle la fit taire.

Elle n’avait pas la force d’être triste. La seule force qu’il lui restait, le seul moyen d’échapper au danger, le seul moyen de faire son deuil, c’était la colère.
Une colère qui allait en grandissant tandis que la jeune femme, toujours confuse, repassait en boucle dans sa tête la discussion qu’elle venait d’avoir. Cœur brisé, détermination glacée, Unaëlle se dit qu’il devait exister une sorte de « fourrière » pour les Faunus. Un endroit où ils pourraient assouvir leurs besoins animaux sans nuire au reste des populations. Elle se dit qu’elle devrait trouver cet endroit, qu’elle devrait y emmener la louve. Et qu’ensuite, elle se remettrait en chasse.
Sans se rendre compte de sa propre cruauté, sans prêter guère à la voix de sa conscience qui frémissait sous la surface de sa morale brisée, Unaëlle s’approcha de la baie vitrée de sa chambre d’hôtel. Son regard désormais de pierre, inflexible, s’attarda sur tous les Faunus, avec leurs oreilles, leurs cornes, leurs queues. Toutes ces abominations qui marchaient dans les rues d’Aldébaran. Et qui méritaient la mort. Non. Pire que la mort. Ils méritaient qu’on les enferme, qu’on les étiquette comme les animaux qu’ils étaient. Qu’on s’occupe d’eux et de leur discipline, puisqu’ils ne savaient pas réguler eux-mêmes la violence de leurs propres pulsions.
Caressant d’un doigt la paroi de verre, la rose eut un sourire cruel à cette idée.

Unaëlle était morte. Enfermée à double tour à l’arrière de son propre crâne.
A sa place, prête à rebâtir un royaume sur les ruines d’une vie qui avait été la sienne, se tenait Princess.






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